lundi 5 mars 2012

L'eusses-tu crû?

Depuis ce matin, une musique me tourne dans la tête et ne veut pas me laisser tranquille.
Comme cela ne m'arrive jamais, ou rarement au réveil et sans durer plus d'une heure, j'en suis très contrarié.

Par le passé, il m'est même arrivé d'être celui qui installait l'air piégé dans l'esprit de mes collègues en passant près d'eux tout en chantonnant un classique: mon favori reste "le téléphone pleure", tout au début, après que la petite fille ai dit "Allo"et que Clo-Clo embraye avec "Ecoute, Maman est près de toi....".
Les plus sensibles peuvent la garder en tête plusieurs jours car l'air s'amorce inconsciemment à chaque nouvel appel téléphonique, dès qu'on entend ou qu'on dit "Allo". Essayez, c'est redoutable.

Sauf qu'aujourd'hui, c'est moi la victime. 
Dès que j'ai mis le pied par terre, la rengaine à commencé: "C'est la mère Michel qui a perdu son chat".
Comme la Marseillaise, j'avoue ne connaitre que le premier couplet et le refrain, c'est déjà mieux qu'un footballeur même si ce n'est pas ce qu'on lui demande.

Pour éviter de devenir dingue et avant d'envisager un exorcisme, j'ai décidé après 4 heures d'obsédante répétition d'en savoir plus sur cette chanson, histoire de détourner mon attention.
Décryptons et analysons ensemble cette comptine bien innocente en apparence. En apparence seulement.

"C'est la mère Michel qui a perdu son chat"
Le décor est planté: le chat ne s'est pas échappé, il ne s'est visiblement pas perdu de son propre fait.
Dès ce premier vers, on découvre que la mère Michel ne prend pas soin de ses affaires, incapable de se souvenir où elle a bien pu poser ce satané chat.
Notez qu'elle aurait pu perdre ses clés, ou son téléphone portable. Mais par la suite, vous allez comprendre que l'objectif final nécessitait que ce soit son chat.
Et "téléphone portable" c'est trop long: un vers de 15 pieds au lieu de 11 rendrait bancal tout le rythme de la musique.
"Qui crie par la fenêtre à qui le lui rendra"
Première précision: ce n'est pas le chat qui crie par la fenêtre, contrairement à ce que l'enchainement des deux vers peut laisser croire.
Suivez un peu, faites un effort.Le chat est perdu. C'est la Mère Michel qui crie.
Et elle crie "à qui le lui rendra". Elle suppose donc, en criant par la fenêtre, que quelqu'un est responsable de la disparition de son chat. En criant par la fenêtre, elle pense sans doute s'adresser aux éventuels ravisseurs.
Cela renforce la thèse de l'enlèvement. Mais pour quel motif?

"C'est le père Lustucru qui lui a répondu"  
Voici le troisième personnage principal: le Père Lustucru est un traiteur installé dans une boutique située au rez-de-chaussée de l'immeuble ou habite la Mère Michel.
Il entend la Mère Michel faire son alerte enlèvement, et il intervient immédiatement. 

"Mais non, la mère Michel vot'chat n'est pas perdu!"
Il a des informations. Est-il complice ou seulement témoin? La suite de la comptine nous en apprendra plus sur le véritable rôle du père Lustucru.

Arrive le refrain, d'une rare inconsistance. Je vous épargne la lecture des paroles qui n'apportent rien à l'intrigue. Notez toutefois que le refrain est quasi hypnotique quand il est répété plusieurs fois d'affilé, croyez-moi je sais de quoi je parle. Prudence avec ça.

"C'est la mère Michel qui lui a demandé"
Premier vers de la deuxième strophe: la mère Michel, pleine d'un espoir légitime, s'adresse au Père Lustucru, et lui dit:

" Mon chat n’est pas perdu, vous l’avez donc trouvé ?"
Pas un instant la mère Michel ne semble penser qu'il soit pour quelque chose dans la disparition du félin. A-t-elle raison de faire confiance au Père Lustucru?

"Et le père Lustucru qui lui a répondu :"
« Donnez une récompense, il vous sera rendu. »
Les masques tombent! Ce salaud de Lustucru en sait plus qu'il ne le laissait paraître.
Au mieux, c'est un intermédiaire. Au pire, il est l'instigateur de toute cette sombre affaire.
La demande de rançon est claire et le ton du traiteur est suffisamment ferme pour dissuader la pauvre mère Michel d'appeler la police.
Le piège vient de se refermer, le suspens est à son comble.
A nouveau, sous son apparente légèreté, le refrain vient amplifier la lourdeur de l'ambiance.
Puis arrive le moment du troisième et dernier couplet, accrochez-vous.

" Alors la mère Michel lui dit : "C'est décidé,
Si vous rendez mon chat vous aurez un baiser."
Hélas, un baiser, c'est la seule richesse de cette pauvre vieille. Elle ne sait pas que le père Lustucru, sous des apparences viriles, voir rugueuses, est un célibataire acharné et un membre très actif du club "Boys Paradise", alors le baiser d'une vieille, vous pensez qu'il s'en bat l’œil!
La fin de la chanson va nous apporter la triste conclusion.

"Mais le père Lustucru qui n'en a pas voulu
Lui dit : "Pour un lapin votre chat sera vendu!"
Le salaud! Il a tout prévu, depuis le début: Il a prévu d'enlever le chat, de demander une rançon que la mère Michel ne peut pas payer, puis de tuer le chat pour le vendre comme du lapin.
Mais alors, pourquoi croyez-vous qu'une comptine si immorale soit chantée à nos enfants en toute innocence? Dans quel but? Pour quelles secrètes raisons?
Ce sont les questions que je me suis posé, et voici dans toute sa lumineuse clarté la réponse: 

Le père Lustucru est un agent de la République Populaire de Chine, mandaté par Pékin pour familiariser nos enfants avec le fait de consommer de la viande de chat et ainsi faciliter les changements de mentalité pour préparer l'invasion imminente de l'Occident.

Je ne vois que ça.

Serviteur
"Die, Lustucru, die!" (Allégorie) 

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