Ce matin, à l'ouverture de ma boite mail, je trouve un message intitulé "J'aime ma boite" envoyé par un expéditeur non identifié.
Je pensais à la première lecture qu'il s' agissait encore d'une publicité destinée à me convaincre de l’intérêt à augmenter ma masse pénienne en prenant des pilules.
Mais une lecture plus attentive me confirma que j’avais mal lu (une lettre de plus ou de moins fait parfois toute la différence).
Intrigué, je clique sur le lien.
Et là, me voici arrivé sur la page principale du site "J'aime ma boite".
Curieux de nature, je cherche à en savoir plus sur l'origine de cette journée, prévue le 18 octobre, durant laquelle les salariés célèbrent la joie qu'ils ont de travailler dans leur entreprise en chantant, en dansant et en portant des badges et des chapeaux avec "j'aime ma boîte" marqué dessus.
Alors qu'ils feraient mieux de bosser pour mériter leur salaire et permettre à la France de redevenir compétitive, sinon la mondialisation va obliger leur patron à délocaliser et qui c'est qui va venir pleurer ensuite, enfin moi je dis ça, je dis rien.
Et qui œuvre dans l'ombre pour imposer cette journée?
Quelle est la dangereuse organisation coupable de vouloir déstabiliser l'économie de notre pays?
Des communistes? Ou pire, des syndicalistes, qui cacheraient sous un mensonger cri d'amour la volonté de saboter la productivité des entreprises?
Bah non.
C'est un syndicat patronal.
Ethic, ça s'appelle.
Entreprises de Taille Humaine Indépendantes et de Croissance.
Comme j'ai bien l'honneur de vous le dire.
C'est aussi incongru qu'un groupe de Heavy Metal choisissant de s'appeler "Calin Rose" ou qu'un Bisounours baptisé Sodomisator, je l'admets, mais c'est comme ça.
Ils ont préféré "Entreprises" plutôt que "Sociétés", Sthic ne faisait pas assez sérieux.
De plus, l'éthique est un honorable combat, même si on se bat souvent pour ce qui nous fait défaut.
Bref.
Sur la première page du site s'affiche l'image d'un chien portant un chapeau pointu, des
confettis et un collier fantaisie.
On retrouve immédiatement nos repères en constatant le niveau de considération apporté aux salariés, symbolisés ici par un chien.
Cette image est appuyée par un message hilarant: "Enfin une journée ou tout le monde est de bon poil" attestant qu'à l'instar de la police, on peut être patron et avoir le sens de l'humour.
En parcourant les différentes rubriques (je vous encourage à le faire pour vous forger votre opinion), je constate que la maitrise de la gestion événementielle n'a aucun secret pour Ethic, qui publie depuis deux ans un magazine à l'occasion de la journée "J'aime ma boite", histoire de vendre de la publicité avec éthique.
Dans le numéro deux, un article sur la santé au boulot attire mon attention.
Déjà parce que si le travail était si bon que ça, pourquoi une médecine du travail?
Ensuite, le texte m'accroche l’œil:
"Le travail c'est la santé chantait Henri Salvador à une époque où le travail statique devant un ordinateur n'était pas encore d'actualité... Pour que le mot travailler continue d'être synonyme de santé et qu'ils prodiguent à vos salariés l'envie de pousser la chansonnette, il va falloir agir!"
Bon.
(Là, je me pince le haut du nez en expirant façon Lino Ventura dans les tontons flingueurs, quand il va parler d'Antoine à Patricia)
Pour mémoire, Le bon Henri chantait (je cite de mémoire):
"Le travail c'est la santé, rien faire c'est la conserver, les prisonniers du boulot font pas de vieux os"
En ce qui concerne l'époque terrible vécue par les salariés du tertiaire calés derrière un ordinateur, je propose un stage dans les usines chinoises ou dans les mines de diamant, trois à quatre semaines par an, histoire de replacer les réalités.
Pour les fautes d'accord et de conjugaison, là, je peux rien faire, d'autant que l'article n'est pas signé.
La suite du magazine confirme le ciblage du secteur Tertiaire:
Brigitte Lahaye répond à des questions sur le sexe au bureau.
Pas dans l'atelier, pas dans le labo, ni dans la cabine de péage ou à l'arrière d'un camion benne, au bureau!
Autant nous ne pouvons contester l’expérience de Brigitte quant au sexe, autant le bureau doit lui sembler un univers bien inhabituel.
J’arrête ma lecture quand j'arrive à un article consacré aux différentes typologies des salariés:
Nous y retrouvons entre autre le sous-fifre, la parano, l'opportuniste, le rat, le profiteur, le speedé, l'élite, le nouveau riche, le bosseur drogué et la plus que parfaite.
Y'a pas, ça donne envie de se lever le matin pour aller les retrouver et passer une super journée!
Pour conclure, apprenez que la personne derrière tout ça n'est autre que Sophie de Menthon, née Turpin.
Comme Nadine Morano, elle a choisi de conserver son nom de femme mariée après le divorce, on les comprend.
Sophie de Menthon, ce symbole de l'élégance à la Française, cette icône de la réussite que tout le monde nous envie, la Présidente d'Ethic, la Directrice de la publication du magazine J'aime ma Boite et la propriétaire de la marque.
Celle qui est mise en cause pour avoir lancé sur internet des informations mensongères sur les cheminots.
Celle qui a été nommée membre de la section « Finances » du Conseil économique et social en 1997 pour 5 ans, à 3783.76 euros pour quatre jours de réunion chaque mois, du Conseil national de la création d'entreprises en 1997 et 2000, de l'Observatoire de la parité en 2002, et du Conseil d'orientation de la simplification administrative en 2004. Elle a aussi participé à la commission Stasi sur la laïcité en France en 2003, au rapport Novelli sur les conséquences des 35 heures en 2004, et a été interrogée par la mission Stoléru pour l'accès des PME aux marchés publics en 2008.
Celle qui participe à l'émission "Les Grandes Gueules" sur RMC et qui passe son temps à vomir (avec élégance) sur l'Etat qui la paye.
Enfin, c'est bien Sophie de Menthon qui déclare à propos du travail des enfants:
"Je peux vous assurer que les multinationales elles font beaucoup pour les enfants alors que les PME elles, les exploitent. De toutes façons, c'est ça ou le ruisseau".
Dommage que Sophie de Menthon ne soit pas patronne, les salariés aimeraient surement leur boite.
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le lendemain de la journée "J'aime ma boite" - "Allez, retournez bosser les feignasses et plus vite que ça"(Allégorie) |
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